Il me semblait difficile de traverser la Chartreuse sans y faire au moins un arrêt. J'avais étudié un tracé pour traverser cette dernière, empruntant le GR 9 passant juste au dessus des bâtiments. Mais cela me posait quelques problèmes de couchages, de ravitaillement, et j'ai lu que la traversée d'un col se faisait avec des cordes ou des barres scellés dans la roche, zone dangereuse, j'ai pensé que ce n'était pas pour moi avec mon sac de 14 kg, et puis il y avait les chutes de pierres du Mon Garnier dont l'accès est interdit et d'autres petites choses que je n'ai pas approfondies et qui mon fait renoncer à ce parcours. Il me semblait également impensable de passer si proche du site sans faire de détour. J'ai même regretter que la Chartreuse ne face pas hôtel. Dans mon itinéraire improvisé je m'arretais au dessus de Grenoble, ville que je rejoignait en bus. Avec le nouvel itinéraire passant entre les montagnes je traverse Grenoble et une partie du Vercors.
Mardi 12 juin
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Carte VisioRando
Les Chartreux ont profondément imprégné la Chartreuse. Leur présence se perçoit par delà le monastère : dans les petits hameaux, certains linteaux de portes et pierres faitières sont ostensiblement marqués du globe crucifère, symbole des Chartreux. Au dessus de la Diat, le hameau de Grand Logis révèle une des facettes ciselées par l’ordre : peu de batiments, mais chacun ordonné à une utilité bien précise. La chapelle Saint-Hugues, la forge, l’hotellerie, et la bergerie composent de condensé de la vie rurale antan, empreinte de la proche présence de la maison mère de l’Ordre.
Après sa 1ère expérience de vie érémitique, Saint Bruno choisit la Chartreuse pour un plus grand isolement mais pour cela, il lui a fallut le concours et l’aide des habitants. La sculpture évoque les liens qui unissent le monastère et les habitant de Chartreuse depuis plus de 900 ans. Ces liens sont au delà de la spiritualité puisque à travers sa volonté Saint-Bruno a fait preuve d’anti-intégrisme en vivant ses convictions sans les imposer. Wikipedia].Nous avons l'impression de rentrer dans une propriété privée. Après la chapelle nous trouvons un sentier. Nous débouchons sur la départementale que nous prenons à gauche jusqu'au pont de l'enclos au dessus du Guiers Mort. Le pont très étroit est interdit aux piétons, empruntons sur la gauche, l'ancienne route au pied de la falaise. Nous passons devant des statues en bois et une grotte [La sculpture de Saint Bruno ne se trouve plus à côté de la Chapelle St Hugues (vers le Grand Logis) mais vers le pont du Grand Logis à l’entrée du désert au lieu dit « la porte de l’enclos » à côté de la grotte. La "porte de l'enclos" était l'entrée au Désert de la Grande Chartreuse où ne passaient ni femmes ni hommes armés. Ici, à côté d'une grotte reliée à la route par un pont piéton, on trouve une statue qui célèbre l'amitié entre le monastère et les habitants. En proximité sur le Guiers se trouve le pont de Valombre. Wikipedia]. Passons le Pont de Valombre, traversons la route et empruntons en face le GR9 et le balisage jaune. Nous Grimpons un peu et débouchons sur la route du desert que nous prenons à droite. C'est une belle route bordé de beaux arbres menant à la Correrie. Dommage le temps est trés nuageux et je ne vois pas les montagnes, tout juste le bas de la falaise du Grand Som et de l'autre côté des rochers des Molières, de Cambise et d'Arpison. Nous arrivons non pas à la Chartreuse à proprement parler mais aux bâtiments commerciales de cette dernière, il s'y trouve aussi le musée des Chartreux. [Le terme de Correrie (parfois écrit Corroirie ou Courerie) désigne depuis le xve siècle un groupe de bâtiments monastiques qualifiés de « maison basse » du monastère de la Grande Chartreuse, destinés à l'habitat et aux ateliers des frères convers ; ils abritèrent notamment une imprimerie et une infirmerie pour les religieux âgés. Durant les périodes d'absence des chartreux, y furent abrités successivement une école de laiterie et même une colonie de vacances. La distinction entre maison haute et basse a progressivement disparu à partir du XIIIe siècle ; les dernières maisons basses furent supprimées par le Chapitre général de l'ordre en 1679. Néanmoins, les Statuts de l'ordre, et en particulier l'ordinaire (partie des Statuts consacrée à la liturgie) continuent à évoquer le cas des convers logeant à la maison inférieure à plusieurs occasions jusqu'à la fin du XIXe siècle.La Correrie de la Grande Chartreuse servit un temps d'infirmerie pour les Pères malades. En 1957, elle a été transformée en Musée de la Grande Chartreuse destiné à retenir le flot des visiteurs en aval du monastère. Le mot viendrait du nom de fonction des procureurs de l'ordre des Chartreux, religieux chargé des courses et commissions extérieures, appelés en langue vernaculaire les "courriers" (correrie). Le procureur et les 'courriers' logeaient en Chartreuse à la maison basse qui fut naturellement désignée comme la maison des courriers, donc la "correrie". Wikipedia]. Longeons le mur des bâtiments, puis le parking, à son extrémité nous trouvons une fourche prenons à droite en direction du parking des randonneurs (toujours Gr9). Je souris le parking n'est qu'un espace gazonné, alors que le parking de la Correrie est bitumé. Mon esprit chagrin se dit que les parkings sont en rapport avec leur visiteurs. Du bitume pour pour les ballerines visitant le musée, et l'herbe bien suffisantes pour les grosses chaussures des randonneurs. À l'extrémité du parking nous trouvons une fourche, poursuivons le GR 9 qui grimpe assez fortement en direction du Grand et Petit Som, Habert de Bovinant. Nous Grimpons jusqu'à un peu plus de mille mètres par un sentier caillouteux en lacet peu facile, ici nous nous rendons compte que nous sommes en montagne les sentiers sont un peu plus dure que dans la pleine. Nous traversons une forêt de hêtres. Je me fait doubler par un treckeur qui me demande si je vais au Grand Som et si le temps indiqué c'est l'allée et le retour… je suis pétris de consternation de ses gens partant dans la montagne sans savoir ou ils vont, les difficultés qu'ils risque de rencontrer et surtout leur limites à ne pas dépasser. Aux infos J'ai appris que la brigade de sauvetage en montagne est intervenue plusieurs fois en Chartreuse pour des accidents et qu'ils se sont déplacés parfois simplement pour ramener un corps. Plus tard je lirais aux pieds des
Dommage j'ai du brouillard |
Chaque père du cloître occupe une petite maison reliée aux autres par un couloir ou cloître commun, qui permet la circulation à l'abri des intempéries et relie le quadrilatère des cellules (grand cloître) à celui de la vie commune (petit cloître, appelé aussi galilée) autour duquel sont disposés l'église, le réfectoire, le chapitre.
D'après les coutumes primitives, les lieux de la vie cartusienne se répartissaient entre maison haute, où vivent les pères, et maison basse où vivent les frères, enclos dans l'espace d'un même désert.
La communauté des laïcs (ou convers) vivait, travaillait et priait dans les bâtiments de la maison basse (ou « correrie »), située à la Grande Chartreuse, à deux kilomètres en aval de la maison haute abritant les cellules des Pères, à proximité des routes fréquentées, mais à l'intérieur de l'enceinte du désert (voir
Chapelles marquant l'ancienne chartreuses |
chemins partent à gauche, il faut prendre le second celui ou il faut descendre le talus et gadouiller un peu par temps humide en direction du réservoir et Habert le billon. Nous arrivons à la chapelle de Casalibus [Arrivé en 1084 accompagné de six compagnons, maître Bruno installe un ermitage dans un lieu reculé de chartreuse depuis connu sous le nom de désert de la Chartreuse. En ce lieu isolé et totalement inhabité, bordé au nord par le col de la Ruchère, et au sud par la vallée du Guiers mort, dominé de 1000 mètres par le Grand Som, ils installent leur maison, la première chartreuse, divisée en deux ensembles distants de près de quatre kilomètres: la maison basse ou Correrie abritait la communauté des frères et des ateliers ou dépendances quand la maison haute abritait le prieur et la communauté des pères. Du premier monastère qui fut construit deux kilomètres plus haut que le monastère actuel, il ne reste rien, suite à l’événement qui eut lieu le 30 janvier 1132, 48 ans après l’arrivée de Bruno, sous le priorat de Guigues : « En la vingt-troisième année du priorat de Guigues, une masse pincroyable de neige, se précipitant des hauts sommets rocheux avec une soudaine impétuosité, emporta dans son effrayant tourbillon et ensevelit sous sa masse immense toutes les cellules des religieux sauf une, et avec elles six moines et un novice. » L’emplacement de la maison haute est aujourd’hui marqué par deux chapelles construites à une centaine mètres
de distance l’une de l’autre : en aval Notre Dame de Casalibus (littéralement « Notre-Dame des cabanes », par allusion aux petites maisons qui servaient de cellules aux moines), construite au XVème siècle, hors d’atteinte des avalanches et en amont la chapelle St-Bruno, perchée sur son rocher. Les survivants de la catastrophe ne pouvaient songer à reconstruire au même endroit. Guigues, le prieur, choisit un nouvel emplacement deux kilomètres plus bas, mieux exposé et hors d’atteinte des avalanches. Les travaux furent menés rapidement. On ne bâtit en pierre que l’église, aujourd’hui transformée et noyée au milieu de constructions plus récentes, et le Chapitre, qui possède maintenant encore intacte sa voûte du XIIe siècle. Une douzaine de cellules de bois furent construites, et l’église fut consacrée le 13 octobre 1133 par un ancien Chartreux, Hugues, deuxième du nom, successeur de saint Hugues sur le siège de Grenoble. Le monastère de Guigues subsista un peu moins de deux siècles. Entre 1320 et 1676, le monastère subira huit incendies. Après l’incendie de 1676, Dom Innocent Le Masson reconstruisit le monastère selon un nouveau parti architectural, celui qu’on lui connaît.
Les bâtiments sont classés monument historique depuis 1920. https://www.le-valombre.fr/fr/page/un-peu-dhistoire ]. Prenons le chemin sur la droite pour nous rendre à la chapelle Saint Bruno, situé au fond du Vaĺlon. Au pied une fontaine. [chapelle Saint-Bruno, perchée sur un rocher qui semble venir d'ailleurs, semble avoir été édifiée à proximité du site originel de la première chartreuse, située probablement sur la plate-forme qui jouxte la chapelle. Elle était initialement dédiée à la Vierge Marie. Ce terrain, d'environ 80 m de diamètre, relativement plat, est exceptionnel dans la vallée. Selon des hypothèses invérifiables en l'absence de fouilles archéologiques, les blocs de rocher qui le jonchent pourraient être en partie des vestiges de l'avalanche qui détruisit le premier monastère. Le terme traditionnel d'avalanche avec lequel on désigne ce drame ne doit pas faire illusion. Aucune avalanche de neige n'aurait pu parvenir si bas dans la vallée et on ne connaît d'ailleurs pas de couloir d'avalanche dans cette zone, mise à part une petite coulée annuelle dont la largeur n'excède pas quelques mètres. Les petits éboulements sont très fréquents dans ce massif calcaire ancien. L'avalanche de 1132 était en fait un éboulement de pierres qui a poussé loin devant lui une énorme quantité de neige. Quand on approche du col de Bovinant, 700 mètres au-dessus du monastère, on peut voir un pan de rocher qui se détache de la paroi et on peut imaginer ce qu'il adviendrait si un jour, affaibli par le gel et l'érosion, il venait à se détacher entièrement. Les énormes blocs de rochers qui parsèment l'emplacement du premier monastère laissent imaginer le désast. Wikipedia ]. Revenons sur nos pas. Nous revenons devant la chapelle Notre Dame de Casalibus, c'est également le depart pour gravir le Grand Som c'est ici que j'ai lu que l'un des chemins était très dangereux. Poursuivons le chemin carrossable après quelques virages nous arrivons à une fourche (parcelle 77), un peu avant une réserve d'eau. Je ne comprends pas bien, la correrie est indiqué sur la droite en 2h00. La carte me dit qu'il est en poursuivant le chemin tout droit. Je poursuis tout droit, longe l'etang et arrivé devant le monastère ou des pancartes nous impose le silence. Le monastère est fermé aux publiques. [À la date du 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante met les biens de l’Église, dont les biens des congrégations, y compris celle des Chartreux, à la disposition de la Nation. Ceux-ci sont expulsés du monastère de la Grande Chartreuse par la Convention nationale le 17 octobre 1792. Devenus membres d'une "congrégation dissoute", les moines de la Grande Chartreuse sont expulsés manu militari le 29 avril 1903. Le 14 novembre 1912, l'ensemble du monastère est classé au titre des monuments historiques c'est donc uniquement durant cette période que les touristes peuvent visiter le monastère de la Grande Chartreuse, ouvert alors au public après l'expulsion des moines, et cela jusqu'au 21 juin 1940. En effet, la veille de jour de l'armistice du 22 juin 1940, trois Pères reprennent officiellement possession des bâtiments, puis une loi « particulière » du gouvernement de Vichy, promulguée le 21 février 1941, accorde aux Chartreux une reconnaissance légale en France. Durant la Seconde Guerre mondiale, Saint-Pierre-de-Chartreuse et l'ensemble du département de l'Isère relèvent de la partie française non occupée et dénommée, la « zone libre ». À partir de l'été 1943, les habitants du secteur montagneux de la Chartreuse voient arriver les réfractaires du STO. Certains se lanceront dans combat contre l'occupant. Dans les deux décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, le nombre croissant de touristes devient gênant pour les moines de la Grande-Chartreuse. Les supérieurs envisagent même de quitter le massif et de transférer la communauté vers un site plus isolé. Ils parviennent cependant à obtenir que le site du Désert de la Grande Chartreuse soit classé comme site historique et naturel, interdit au survol des avions de tourisme, et fermé à la circulation automobile.
L'implantation des chartreux dans le massif qui leur a donné son nom fait de ce site le type de l'espace monastique cartusien, bien que l’ordre se soit accommodé dès le XIIIe siècle de sites urbains et de maisons situées en plaine, voire au bord de la mer.
Les Chartreux sont un ordre amoureux des livres, allant jusqu'à appeler la pratique de la lecture « l'aliment de l'âme » dans leurs coutumes écrites en 1127. Le monastère dispose durant toute son existence d'une grande collection d'ouvrages, détruite régulièrement en partie par les avalanches, incendies et pillages.
Conformément à la règle cartusienne qui veille à protéger la solitude des moines, le monastère ne se visite pas. Cependant, un musée est installé dans la Correrie, à 2 km environ en aval du monastère. Des reconstitutions de cellules monastiques permettent de comprendre ce qu'est la vie d'un moine chartreux. La tradition veut que maître Bruno et six compagnons (deux laïcs André et Guérin, et quatre clercs : les chanoines Étienne de Bourg et Étienne de Die, Hugues et Laudouin, natif de Toscane, qui succédera à Bruno dans le gouvernement de la maison mère), guidés par l'évêque Hugues de Grenoble, s'installent le 24 juin 1084 dans le vallon de Chartreuse, lieu qu'on appellera dès lors « le désert de chartreuse » en raison de son isolement. Courte vallée, bloquée au nord par le col de la Ruchère, et au sud par la vallée du Guiers mort, elle est dominée de 1 000 mètres par le Grand Som. À la fin du XIe siècle, Bruno a construit avec ses six compagnons le premier ermitage cartusien pour mener une vie érémitique tempérée d'un peu de cénobitisme. Cette tradition de l'installation le 24 juin, jour de la fête de Jean le Baptiste, explique que la chartreuse soit placée sous le patronage de ce saint. Le 9 décembre 1086 devant le synode diocésain à Grenoble, l'évêque Hugues, dans une charte de donation, ratifie solennellement les donations qu'avaient faites deux ans plus tôt les seigneurs propriétaires des terres de Chartreuse, soit un domaine de 1 700 ha. Cet espace naturel, agrandi et arrondi par des donations postérieures, recouvre progressivement la région de Chartreuse. Les premiers Chartreux, soucieux de protéger leur isolement, refusent aux femmes tout droit de passage et exproprient les tenanciers du voisinage, ce qui suscite tensions, querelles violentes et procès. La maison se trouvait divisée en deux ensembles distants de quatre kilomètres : la maison basse ou Correrie abritait la communauté des frères et des ateliers ou dépendances, la maison haute abritait le prieur et la communauté des pères, ainsi qu'un ou deux frères.
Du premier monastère qui fut construit deux kilomètres plus haut que le monastère actuel, il ne reste rien. On suppose que les premières constructions furent en bois, à l'exception de l'église conventuelle qui fut élevée en dur. La plus ancienne et unique description connue fut donnée par Guibert de Nogent vers 1114. Hormis le principe d'un regroupement de cellules, distinctes d'un cloître réunissant les bâtiments de la vie communale (église, chapitre, réfectoire) et la présence d'une cuisine et d'un bâtiment susceptible d'abriter la moitié des convers le dimanche, on ne sait rien de la disposition initiale des bâtiments, sans doute très différente de celle qu'on connaît aujourd'hui, compte tenu de la configuration du terrain. Guibert précise toutefois que des conduits aménagés amenaient l'eau courante à l'intérieur des cellules.
Aucune culture ou pâturage n'était possible à la maison haute, enserrée dans une vallée étroite et totalement boisée. Toutes les semaines, le samedi, les frères de la maison basse montaient à la maison haute pour participer à la liturgie dominicale et à la vie commune, réinventant la tradition des Laures des déserts de Palestine, aux origines du monachisme chrétien. Les survivants de la catastrophe ne pouvaient songer à reconstruire au même endroit. Guigues, le prieur, choisit un nouvel emplacement deux kilomètres plus bas, situé entre deux replis de terrains qui dévieraient toute chute de rochers soit en amont, soit en aval du monastère. Peut-être une autre raison guida-t-elle ce choix. L'emplacement de la première maison, pourtant « parfaitement protégé du vent du nord et bien exposé au midi» semble aujourd'hui marqué par une austérité extrême. Même en plein été il faut attendre la fin de la matinée pour que le soleil se lève au-dessus du Grand Som. Jusqu'aux années 1990, la neige demeurait à cet endroit jusqu'au mois de mai (inclus), soit un bon mois et demi de plus qu'au monastère actuel. Toutefois, les conditions climatiques du xxe siècle ne sauraient permettre de juger les motifs des moines du xiie siècle. Le climat du Moyen Âge était beaucoup moins rude en Europe qu'à la période moderne (« optimum climatique médiéval »). Les travaux furent menés rapidement. On ne bâtit en pierre que l'église, aujourd'hui transformée et noyée au milieu de constructions plus récentes, et le chapitre, qui possède maintenant encore intacte sa voûte du xiie siècle. On construisit une douzaine de cellules de bois. L'église fut consacrée le 13 octobre 1133 par un ancien chartreux, Hugues, deuxième du nom, successeur de saint Hugues sur le siège de Grenoble. Le monastère de Guigues subsista un peu moins de deux siècles. Entre 1320 et 1676, le monastère subira huit incendies (et non onze comme parfois affirmé). La pauvreté des moyens de lutte contre l'incendie et surtout la particularité régionale des toitures couvertes en essendolles (bardeaux ou tuiles de bois d'épicéa particulièrement combustibles) ont entraîné à chaque fois une destruction quasi totale de tout ce qui pouvait brûler.
Après l'incendie de 1676, dom Innocent Le Masson reconstruisit le monastère selon un nouveau parti architectural, celui qu’on lui connaît.
Par décret du 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante met les biens de l’Église, dont les biens des congrégations, à la disposition de la Nation.
Le père général, dom Nicolas-Albergati de Geoffroy, quitta la Grande Chartreuse le mercredi 17 octobre 1792. Non seulement la communauté de la Grande-Chartreuse n'existait plus, mais l'ordre des Chartreux n'avait plus une seule maison vivante en France. Le chapitre général ne pouvait plus se réunir. Lors de sa dernière session, il avait établi qu'en cas de dispersion de la communauté, le définitoire désignerait un vicaire général en attendant des jours meilleurs. Par la suite, le définitoire ne pouvant se réunir, les vicaires généraux successifs désignèrent leur scribe pour leur succéder en cas de décès, moyennant confirmation du Saint-Siège.
Par ordonnance royale du 27 avril 1816, l'ordre obtint de l'État la location de la Grande Chartreuse pour y établir « un lieu de retraite ». Le 16 juillet 1816, le Vicaire général en exercice, dom Romuald Moissonier, profès de la Grande-Chartreuse, mais alors prieur de la Part-Dieu en Suisse, seule chartreuse de l'ordre ayant survécu à la tourmente révolutionnaire, rentrait à la Grande-Chartreuse avec quelques religieux pour y reprendre la vie régulière.
En 1857, un décret impérial définit une réserve autour du monastère pour préserver le paysage et garantir la tranquillité des moines. Les chartreux échappèrent à la première vague d'expulsion des congrégations non autorisées de 1880 : le 29 mars 1880, les décrets annonçaient la dissolution des congrégations masculines non autorisées par l'État, mais une ordonnance permit aux Chartreux de demeurer dans leur monastère.
Les moines de la Grande Chartreuse furent expulsés manu militari le 29 avril 1903. La communauté se réfugia en Italie, à la chartreuse de Farneta (à Maggiano frazione de Lucques) et ne put réintégrer la maison mère qu’en 1940. Le chapitre-général, après s'être tenu une fois exceptionnellement à la Valsainte, continua à se tenir régulièrement à Farneta, permettant, cette fois-ci, l'élection régulière de deux successeurs réguliers à Dom Michel Baglin qui avait obtenu sa miséricorde (démission en langage cartusien) en 1905. À partir de 1920, les curieux se précipitent pour découvrir le monastère. Entre les deux guerres, ils sont plus de 100000 par an à monter en autocars ou en voitures. On y vient en famille avec femme et enfants. La foule est telle que des réglementations doivent être imposées pour la circulation ou le stationnement des automobiles. Parallèlement, le conseil général fait faire des travaux importants de restauration au Pavillon des étrangers (installation notamment de l'électricité sous le contrôle du doyen de la faculté des sciences de l'université de Grenoble, René Gosse). À partir de 1930, ce bâtiment se transforme chaque été en Maison universitaire où viennent résider des universitaires et chercheurs français et étrangers. Parmi les premiers résidents, Marie Curie et sa fille Irène Joliot-Curie. L'installation de cette Maison universitaire suscite l'ire des milieux catholiques, en particulier de la Ligue dauphinoise d'action catholique (LDAC) qui développe une campagne haineuse, nourrie d'anti-intellectualisme, de xénophobie, d'antimaçonnisme et, parfois, d'antisémitisme.
Surnommée l'Auberge des coucous, ou l'Auberge des intellectuels fatigués, cette Maison universitaire reste ouverte jusqu'à l'automne 1939. Le retour des moines en juin 1940, lié à la déclaration de guerre de l'Italie à la France, en même temps que l'instauration de l'État français, marque la fin de cette Maison universitaire, comme des possibilités de visite du monastère de la Grande Chartreuse. Une convention du 11 mars 1941 entre la Grande Chartreuse et l'administration des Beaux-Arts du régime de Vichy définit les modalités de la concession des immeubles et permet la restauration rapide des bâtiments. La communauté continue jusqu'à ce jour à louer les bâtiments à l'État français, moyennant un loyer modique et la charge de l’entretien courant. À partir de 1947, la Grande Chartreuse recommença à abriter régulièrement le chapitre général tous les deux ans.
Dans les deux décennies qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, l'essor du tourisme et les progrès des réseaux routiers devinrent de plus en plus gênants. À la Grande-Chartreuse, les supérieurs envisagèrent même de quitter le massif et de transférer la communauté vers un site plus isolé. Finalement, ils obtinrent que le site soit classé comme site historique et naturel. Wikipedia]. Je suis étonné une entreprise de sciage de grumes se trouve devant le monastère. Le jour de mon passage les toitures des cellules étaient en pleine restauration. En prenant le chemin s'élevant sur la gauche nous avons une vue sur l'organisation des bâtiments.
[Tout à gauche, face au nord, se dresse la chapelle extérieure dédiée à Notre-Dame de La Salette ; solidement assise sur de gros contreforts, elle domine l'entrée du monastère. Au-delà vers l'est, on aperçoit un vaste corps de bâtiment datant également du XIXe siècle : c'est l'ancienne buanderie abritant maintenant les cellules des frères. Une vingtaine de mètres à droite de la porte d'entrée, une autre chapelle, dite de la Résurrection, est ouverte au public.
Au premier plan et à gauche, s'ouvrant sur la cour d'honneur, une très importante construction attire l'attention. Ces quatre ailes massives, bâties en pierre de taille au xvie siècle, sont l'hôtellerie destinée à la réception des prieurs chartreux à l'époque du Chapitre général.
Les sept pavillons à deux étages qui s'alignent à la suite sont occupés par les cellules de ceux qui sont chargés de l'administration de l'ordre et de la Maison : procureur, scribe (secrétaire du père général avec des fonctions analogues à celles d'un chancelier), sous-procureur, etc. Le dernier pavillon, un peu plus large que les autres, est habité par le R.P. Général. Pour faire communiquer l'ensemble, il y a trois galeries superposées : un couloir à demi souterrain ; au-dessus le « cloître des Officiers » ; puis, à l'étage supérieur la « galerie des Cartes ». L'hôtellerie des Prieurs et tout ce quartier ont été ainsi disposés et aménagés par dom Le Masson.
À l'arrière-plan, on voit un grand rectangle très allongé ; il est flanqué sur son pourtour de petites maisons réparties à intervalles réguliers, et dont le plus souvent on n'aperçoit que le toit. C'est le grand cloître avec les 35 cellules des moines-ermites, partie essentielle et caractéristique de la chartreuse.
Les galeries du grand cloître mesurent 216 mètres du Nord au Sud et 23 mètres de l'Est à l'Ouest, soit un quadrilatère de 478 mètres. La partie nord, à gauche, est la plus ancienne : vieux cloître gothique du XIVe siècle, dont les fondations remontent au XIIe siècle. La partie sud date, dans son état actuel, du XVIe siècle. Les branches les plus longues du cloître sont réunies par deux galeries transversales qui limitent un préau où se trouve le cimetière. La galerie de gauche longe la chapelle des Morts, celle de droite passe sous la bibliothèque. D'ordinaire, on ne circule dans le cloître que pour aller à l'église ou en revenir ; il y règne toujours un profond silence.
Plusieurs constructions, toutes disposées parallèlement à l'hôtellerie, se trouvent entre le grand cloître et le cloître des officiers. Ce sont, de gauche à droite :
l'église avec ses deux clochers : restaurée en 1878, elle n'a aucun cachet particulier hormis celui de l'austérité et un beau parquet en losanges, comme il en existait dans plusieurs maisons de l'ordre jusqu'aux aménagements post-conciliaires. À la suite du concile Vatican II, le sanctuaire (équivalent du chœur des églises séculières) a subi plusieurs ré-aménagements, certains demandés par la réforme liturgique (autel détaché du mur), d'autres caractéristiques des modes esthétiques et dévotionnelles de l'époque (ajout d'icônes, décoration du tabernacle, suppression des quatre flambeaux allumés aux offices des solennités, suppression de tableaux), mais le chœur des moines et des frères, séparé par son jubé, n'a pas pu être modifié. Le chœur des Pères contient 52 stalles de noyer qui ont remplacé [date à préciser] les anciennes stalles, dispersées à la Révolution française entre diverses églises de Grenoble ; le petit cloître (à droite de l'église), flanqué sur un côté de la pittoresque tour de l'horloge, construite au XVe siècle ;le réfectoire longe le côté sud du cloître; il date du XIVe siècle et fut restauré au XVe siècle. Au-dessus du réfectoire se trouve la grande salle du Chapitre Général, ornée d'une statue de saint Bruno et des portraits des prieurs de la Grande Chartreuse, de saint Bruno à dom Le Masson ;la cuisine, à droite du réfectoire, disposée entre deux préaux qui lui servent de dépendances ; une partie de cette construction remonte au XIVe siècle ;à l'extrémité du cloître des Officiers, la cellule du Prieur général est reliée au grand cloître par un couloir qui débouche auprès de la chapelle Saint-Louis, dont on distingue facilement le clocheton.
En bas et à droite du plan se trouve un vaste ensemble de constructions groupées autour d'une grande cour. Ce sont les « obédiences » : moulin, garage, étables, menuiserie, forge, salle des plantes, etc. On a eu soin de les éloigner du cloître afin de ne pas troubler le silence et de mieux préserver ainsi le recueillement des solitaires dans leurs cellules. Wikipedia]
Rejoignons le parking le retour à La Dia se fait par le même chemin, qu'à l'aller.