jeudi 2 janvier 2025

Petite promenade N° 163 entre Isère et Savoie Le cirque de Saint Même (Massif de la Chartreuse)

Mes promenades itinérantes mon emmenées entre l'Isère et  Savoie ; Le Massif de la Chartreuse

Pourquoi le Cirque de Saint Même qui n'est pas sur ma trace la plus direct. Dans les Pyrénées j'ai loupé le cirque de Gavarnie. J'ai trouvé que par rapport à ma trace je mettais trop de jours aller retour, pour me rendre au refuge, faire le tour du fond du cirque, revenir au refuge et rejoindre mon itinéraire. Ici ce n'est qu'un détour d'un après midi.

 

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Km    Temps    arrêt     V/d      V/m     dénivelé

 3,2     2h20                   1,3                         278 +

Le Cirque de Saint-Même est un objet de curiosité. Le paysage attire et donne au lieu un air de refuge. A l’entrée du vallon en provenance de Saint-Pierre-d’Entremont, La première image sera celle d'un péage qui régule les fluxs de personnes en été. Ce n’est pas l’endroit le plus fort, ni le plus inspirant. Il correspond au réchauffement des vallées alpines. Des villes comme Chambéry, Grenoble, même Lyon situé à environ 1h30, ressentent le besoin de se rafraîchir en été. Proximité et fraîcheur se conjuguent dans le Cirque, d’où son attrait. Le Cirque de Saint-Même semble si loin de tout. Mais il est tout proche. La Chartreuse c’est le premier massif alpin. Son accessibilité est donc renforcée par cette position à la fois stratégique mais qui peut provoquer une sur-fréquentation, il attire, surtout en été. Son paysage est également peu commun, ce qui renforce son engouement. Cette sur-fréquentation existe dans le Cirque de Saint-Même depuis les années 80, période où le tourisme prend son envol dans la vallée des Entremonts. Par conséquent, pour confirmer cette tendance, un éco-compteur devrait voir le jour au péage de Saint-Même d’en-Bas dans les mois à venir. Annuellement, selon les derniers chiffres de 2009, c’est environ 80 000 personnes qui montent dans le Cirque, pour 10 000 voitures.

Les conséquences : tensions, avec les habitants, dégradations. La régulation du flux de voitures est indispensable pour la sauvegarde du site.

Le Cirque de Saint-Même abrite une formation karstique spécifique à la Chartreuse et de manière générale, au massifs subalpins (Chablais, Bornes, Bauges, Chartreuse et Vercors). Le karst est une matière calcaire. Le mot karst est à l’origine un nom allemand désignant les plateaux calcaires à côté de Trieste, dans le nord de l’Italie. En Chartreuse, c’est à la fin de l’ère tertiaire que le karst s’est développé puis il fut modelé au quaternaire. Le karst urgonien présent sur les hauteurs de la Chartreuse savoyarde et la formation dominante sur le Cirque de Saint-Même comme dans la vallée des Entremonts. Le karst jurassique est également présent dans les Entremonts mais sa présence est plus marquée sur d’autres reliefs du massif. Dans le paysage, a l’étage montagnard (800 - 1 600 mètres), la végétation accompagne ce paysage karstique qui compose les falaises et leur dénivelé abrupte. Par ailleurs, le karst ne retient pas l’eau et se trouve soumis à l’érosion. Il est propice à la formation de grottes, un élément également très fréquent dans le Cirque. L’eau forme un réseau souterrain important constituant alors les sources du Guiers Vif.

Les falaises constituent un élément fascinant, qui se contemplent dès lors que nous arrivons dans la plaine du Cirque depuis Saint-Pierre-d’Entremont. Elles attirent l’œil et donnent une certaine envie d’aller explorer le site. Cependant, leur accès est difficile. La falaise, est un des emblèmes du Cirque. La falaise fait office de repère pour toute personne venant dans la place. Elle permet de créer une barrière, la configuration en fond de vallée renforce cette sensation.

Je m’aventure en direction du chalet et de sa prairie. Les jeux de lumières donnent au paysage une profondeur incroyable que seule la montagne, est capable d’offrir. Je fus frappé d’entrée par ces séquences paysagères, la prairie avec la rivière, la forêt, et pour finir le minéral : la falaise avec son trou central et la cascade. C’est donc une invitation à s’y engouffrer de plein pied et sans hésiter. Le Guiers Vif serpente dans la prairie. La forêt n’en finit plus, à tel point qu’elle cache le paysage, elle opère une fermeture notamment sur les cascades. Bon, qu’à cela ne tienne, allons-y à ces cascades. J'apprends que l’aigle royal est un des habitants du Cirque. En ce dimanche, je n'en ai pas remarqués. Avant de partir nous passons une stèle commémorant la résistance. Intéressons nous au chalet, (comme les anciens l'appellent) devenue hôtel restaurant. [D’abord siège de l’Etat-Major durant la Seconde Guerre mondiale, ce fut également une cache d'arme, qui fut lourdement bombardé. Il devint ensuite au début du XXe siècle, propriété du Touring Club de France (TCF) au moment où le tourisme se développe et s’ouvre aux vallées voisines. Le maquis de Chartreuse ; Dès 1943, des jeunes hommes se sont cachés dans les forêts de Chartreuse pour fuir le Service du Travail Obligatoire. Au printemps 44, ces hommes se sont regroupés pour former un maquis. L’organisation s'est étoffée avec I ‘installation du Poste de Commandement dans le Chalet du Cirque de St Même fin juin 44. Après la tragédie du Vercors, les hommes sont montés en masse en Chartreuse et se sont disséminés un peu partout dans la vallée, intégrant les compagnies sous les ordres du Commandant Le Barbier. Les groupes partent de St-Même pour des actions sur Chambéry, Pontcharra, les Echelles.

Le dimanche 13 août, le ciel est serein à notre réveille. Une belle journée ensoleillée s'annonce.
Nous avons dormi à la belle étole dans les bois, et j'ai passé la nuit sous un sapin sur un doux tas d'aiguilles, près d'un gros rocher. Je suis tiré de mon sommeil vers 8h30 par un bruit d'avion. J'ai juste le temps d'apercevoir trois appareils passant en trombe au-dessus du cirque et au raz des falaises. Quelques-uns de mes équipiers me disent: « ce sont des Anglais. Ils sont vite contredits : les trois avions reviennent et amorcent un piqué droit sur le chalet du TCF. Je suis heureusement à environ deux cents mètres du bâtiment et pas tout à fait dans l'axe de la trajectoire des appareils. Ils mitraillent en piquant et lâchent chacun une ou deux bombes. Je m'écrase derrière le gros rocher proche de mon bivouac et observe. Une bombe tombe tout près de la façade du chalet, une autre à côté d'un rocher derrière lequel c'est jeté un camarade : il est tué sur le coup. Panneau d'information].

Partons maintenant vers les cascades, en suivant le chemin balisé de gauche, pénétrons dans cette foret par un petit sentier. La grimpette n'est pas facile. La pente est rude, sur des racines ou les rochers. Il y a un ravinement terrible, il me semble avoir vu ça, que sur la montagne de la Rhune. Il y a bien quelques cordes pour marquer le passage, mais les touristes s'éparpillent partout et avec les pluies ce n'est que ravinement. Les racines sont à nus. Je suis étonné qu'il n'y est pas d'aménagement pour vraiment canaliser le touriste. Quelques marches en bois ou en calcaire seraient certainement judicieux simplement pour canaliser. Je n’aime pas se genre d’aménagement, cela ne fait pas naturel, cela fait penser à un parc. Mais de toute façon ce lieu, avec tout ce monde, à du mal à rester naturel. Nous grimpons difficilement jusqu'à une intersection de sentier, la pente est encore plus raide. Le sentier de gauche, permettait de se rendre à la grotte d’émergence du Guiers Vif, mais une pancarte en interdit l'accès, il me semble que c'est pour un risque de chutes de pierres. A l'hôtel, j'entends que des
randonneurs se sont tout de même aventurés, sur le sentier, mais arrivés en haut ils ont constatés que les rampes étaient en mauvais états. Je pose la question, et l'on me répond que depuis que la région à déléguer l'entretien aux communes, ces dernières n'ont pas les moyens de l'entretien. Sur la carte ce chemin n'est pas balisé et je pensais qu'il partait vers le sommet du cirque. (Dommage j'aurais sans prendre de risque aimé voir sortir la rivière de la bouche de la montagne. On est parfois déçu ne disposant pas d'un recul suffisant). Comme tous les touristes, je prends à droite et arrive à la cascade. La ‘’Pisse du Guiers’’ se situe au cœur du Cirque de Saint-Même et de ses forêts. L’ambiance est unique : les épicéas et hêtres donnent une impression de bout du monde ainsi qu’une ambiance propre au massif de la Chartreuse de « grand nord ». C’est un lieu emblématique, souvent mis en avant sur les sites de randonnée évoquant le Cirque. Malheureusement pour cette ambiance faudra revenir hors saison, aujourd’hui ce n’est que cries autour de la cataracte pour ce faire entendre de ses amis ou de sa famille. Le pont qui traverse le Guiers revient fréquemment. Le pont, c’est un lieu de passage obligatoire pour les personnes réalisant la boucle des cascades. Je prends le risque de glisser sur les rochers humides pour descendre au pied de la cascade alors que près de la passerelle il y a un passage beaucoup plus facile. Traversons par la passerelle et redescendons de l'autre coté par un sentier qui ma semblé un peut plus facile et un peut moins raviné. A croire que le touriste impressionné par le monté, n’ose pas redescendre par l’autre coté. Un groupe été près à faire cela, ce sont les participant qui ont forcé l’animateur à en faire le tour, il ne voulait pas, il ne savait pas. Dans la prairie j’ai retrouvé ce groupe ce préparant à pique-niquer tout content d’avoir réalisé la boucle. Sur la droite nous avons un sentier nous menant vers la ‘’cascade isolée’’, c'est également une belle chute d'eau au milieu de la forêt. Nous revenons par le même chemin, la suite de la descente est plus facile. Nous arrivons dans la prairie. Sur le chemin et autour des cascades je comprends la sur-fréquentation, il y a du monde, même un monde qui ne devrait pas être là, car soit trop jeune, (des enfants sachant à peine marcher), ou des personnes jeune et moins jeunes ayant des difficultés à mettre un pied devant l’autre. Rien n'est aménagé, ce qui est pour nous une simple marche peu facile entre deux racines ou rochers, est une montagne pour ses bouts de choux. Il est possible de les porter, au risque d'être déséquilibré ou de buter ou de glisser sur une racine. Après tout ses exploits, le touriste s'installe sur l'herbe en bordure de la rivière pour y passer au frais le reste de la journée. Elément phare du paysage local, le Guiers Vif est aussi un cours d’eau majeur de la Chartreuse en compagnie du Guiers Mort. Le Guiers Vif en Chartreuse prend place dans le secteur du Cirque. Plus précisément, c’est au niveau de l’Aulp du Seuil que le cours d’eau s’élance. Son cheminement nous mène dans le vallon de Saint-Même, passant par les hameaux du même nom puis jusqu’à Saint-Pierre-d’Entremont. Quittant les paysages d'entremontants, et ceux de la moyenne montagne. Le Guiers Vif, à un parcours sinueux de Saint-Même aux Echelles. le Guiers Vif poursuit sa route dans les gorges du Guiers, en aval de Saint-Pierre. Puis il termine sa course dans la plaine chartrousine dans le secteur des Echelles, en Savoie. Enfin, le Guiers Vif fait office de limite entre Savoie et Isère, correspondant alors à l’ancienne frontière entre la France et la Savoie. [Dès le Moyen-Age, des tensions émergent en Chartreuse et notamment dans le secteur du Cirque. Certaines terres savoyardes se situent dans le Dauphiné... Par conséquent, un traité est signé en 1355 (Traité de Paris) et permet d’échanger des terres ou d’en céder. Le Guiers devient alors la frontière officielle bien que des tensions subsistent, fort d’une imprécision entre Guiers Mort et Guiers Vif. C’est par le traité de Turin en 1760 que la situation se règle définitivement : le Guiers Vif est reconnu comme frontière entre Savoie et France avec la mise en place d’un bornage. Ainsi, des bornes prirent place dans le paysage, portant l’emblème de la Savoie côté Savoie (croix inscrite dans un cercle de 24 centimètres de diamètre) et celui de la France de l’autre côté (fleur de lys). La date du bornage est également taillée afin de savoir à quelle frontière il est fait référence. Une des bornes sur la commune de Saint-Pierre d’Entremont Savoie sur les hauteurs du Cirque (malheureusement je n'ai pas remarqué ces bornes). Il s’agit de bornes calcaires, réalisées selon les matériaux locaux. Deux frontières furent établies : en 1761 puis à nouveau en 1822. Les bornes de la première frontière ont été utilisées à deux reprises. Aujourd’hui, ce bornage n’est autre que la limite départementale. Ces bornes sont nombreuses dans la Réserve Naturelle des « Hauts de Chartreuse ». Sur le Cirque et ses alentours, elles sont visibles à l’Alpe de la Dame et à l’Aulp du Seuil]. La sur-fréquentation est propice à des conflits d’usages entre touristes et habitants. La sur-fréquentation estivale amène des tensions dues à la proximité de l’agriculture et d’autres activités avec un nombre important de personnes peu au fait de ces pratiques. Ce qui confirme deux choses : le Cirque risque de se confronter à des pratiques remettant en cause son paysage et la vie qui s’y joue. Avant d'arriver à la prairie j'ai été étonné par le barrièrage de la forêt et de certains chemins.

Vallon du Cirque ! Harmonie entre le Cirque de Saint-Même et le Guiers Vif, Au cœur du Cirque, le Guiers Vif propose un cadre harmonieux avec les falaises et la forêt. Ainsi, le ruisseau offre de la fraîcheur en été en plus d’un espace de pic-nique et de loisirs pour les personnes venant profiter du site. Atout touristique mais aussi climatique, le Guiers Vif donne lieu à quelques inquiétudes : sa place dans la prairie du Cirque conforte l’idée de «parc » notamment en été. Une mise en scène qui se vérifie et rappelle, à titre d’exemple, le parc des Buttes Chaumont où l’eau se met aussi en scène, avec des cascades et des abords sous forme de prairies... Je n'aime pas les parcs je m'y ennuie, sauf dans celui de la forêt de Fontainebleau, grand parc de 25 000 ha. Pour présenter la prairie et les usages estivaux, le PNR parle de « parc urbain ». Des usages qui confirment cette impression de parc urbain ? Le PNR est actuellement dans une phase d’analyse du Cirque de Saint-Même afin de le préserver face à la fréquentation estivale. Cette notion de parc urbain recouvre une inquiétude, celle de la transposition de la ville à la montagne, de par les usages qui entrent en conflits avec le paysage et les activités déjà présentes. C’est la prairie du Cirque qui suscite ces inquiétudes. Celles-ci sont légitimes car le Cirque de Saint-Même n’est pas un lieu propice à une sur-fréquentation pendant plusieurs jours. L’environnement recouvre des modes de vie qui sont incompatibles avec le bruit et l’animation d’un parc urbain. Le parcours est terminée je franchi les deux ou trois passerelles enjambant les bras du ruisseau, lit les panneaux d’information sur le maquis, les tombes sont fleuries, une messe est dite en plein air, nous sommes le 8 juin est l’on célèbre les quatre vingt ans de la libération. Je m'enfuis loin, en grimpant une pente encore plus raide que celle de la cascade au dessus de Saint Même d’en Haut pour manger au calme dans la forêt. Je voulais faire un petit tour du coté de la roche Blanche et de l’Alpettaz, un circuit improvisé parce que j’ai le temps et que de ce coté il n’y a personne. Dommage le cirque tire petit à petit son rideau autour de la scène, les nuages arrivent enveloppes tout dans une couleur blanchâtre, puis la grisaille, dans le même temps la température chute, et vu le beau temps de ce matin je n’ai rien pris pour me couvrir. Imprévoyance. Il est temps de redescendre, de toute façon on ne verra plus rien. Arrivé au chalet, hôtel restaurant, la pluie commence à tomber. C'est une envolée de moineaux. En quelques minutes la prairie se vide. Le calme revient. Pas tout à fait, j'entends le bruit de la pluie sur les carrelages de la terrasse. 

Le Cirque de Saint-Même a la particularité de pouvoir changer de décor selon les saisons. 

Avec la pluie, ce n'est plus une cascade que l'on aperçoit en haut de la montagne, mais trois cascades que je découvrirais demain matin, lorsque, le cirque ouvrira de nouveau son rideau. C'est impressionnant.

 

Hors mis les panneaux d’informations je n'ai malheureusement pas trouvé grand chose (de gratuit) sur le Maquis Stéphane.

 

Texte en partie tiré du Mémoires Année : 2020

Le cirque de Saint-Même : (re)découverte d'un refuge en Chartreuse

 Auteur : Gautier Descours

Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine / Université Grenoble-Alpes

Vous trouverez le mémoire sur le site https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02899413/file/DESCOURS%20Gautier.pdf







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